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Sukiyaki Cinema

24 juin 2013

"Dragon Gate" de Tsui Hark (2011)

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J'ai déjà évoqué la relation amour / haine que j'entretiens avec le travail de Tsui Hark. Ici, sur le papier, l'entreprise semblait alléchante : un film de sabre spectaculaire marquant les retrouvailles entre le cinéaste et Jet Li, 20 ans après Il était une fois en Chine. Mais parallèlement, l'ingalité qualitative de Detective Dee et la volonté de faire un film en 3D avec foule d'effets spéciaux numériques attirait ma préoccupation quant à la qualité du long-métrage. C'est malheureusement une prémonition qui se réalisera puisque Dragon Gate est ni plus ni moins qu'un nanard resplendissant et décevant à tous les niveaux et qui ne confirme à mes yeux que la schizophrénie qualitative de la filmographie de Tsui Hark.

Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de s'étaler des heures sur un plantage aussi monumental: les effets spéciaux sont omniprésents et moches, parfois presque amateurs, ce qui ne semble pas déranger son réalisateur qui les utilise n'importe comment, ajoutant des plans voire des scènes complètement inutiles. Cette manie des FX de maigre qualité va même créer le blasphème ultime de gâcher les scènes de combats avec un découpage incohérent et des ralentis dégueulasses,notamment pour celui très attendu entre Gordon Liu et Jet Li. Ce dernier est d'ailleurs beaucoup plus en retrait que ne le laisserait paraître l'affiche du film (attendez vous à un second rôle, parfois très en retrait) et l'acteur ne semble pas impliqué plus que cela dans son personnage, qu'il interprète avec une passivité agaçante et même surprenante.

Ressucité durant les années 2000, le film de sabre chinois semble s'enfoncer dans une lente descente aux enfers, d'autant que le fléau des effets spéciaux minables accentue la médiocrité de ses films. A croire que les réalisateurs s'amusent à expérimenter avec ces nouvelles technologies sans vraiment savoir les maîtriser et en dépit de toute cohérence cinématographique. La 3D n'aide évidemment pas à nous convaincre du contraire (surtout que les films nous parviennent en 2D...). Faut-il déjà compter sur une future génération de jeunes réalisateurs qui sauront allier le spectaculaire des arts martiaux avec la qualité des effets spéciaux ? Les deux éléments peuvent se marier, c'est une certitude. Encore faut-il en avoir les capacités.

 

Dragon Gate, la légende des sabres volants - 2011 / Chine

Réalisation : Tsui Hark

Distribution : Jet Li, Kun Chen, Gwei Lun-Mei, Gordon Liu...

 

 

 

 

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27 janvier 2013

"Dolls" de Takeshi Kitano (2002)

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De Takeshi Kitano (que je considère non seulement comme un des meilleurs cinéastes d'Asie mais également dans le monde), j'ai tout vu. Ou presque ! A mon tableau de chasse, il me manquait eux films considérés comme "à part" : A scene at the sea et Dolls. Et c'est ce dernier que j'ai souhaité voir, intéressé de voir "Beat" Takeshi dans un style de film bien loin des sanglants affrontement entre yakuza.

Quiconque connait l'univers du réalisateur sait à quel point la mélancolie fait partie de ses thématiques cinématographiques. C'est avec ce film cependant que la thématique atteint son apogée. On pourrait qualifier le film de beau, de part son style visuel bien sûr (le choix des couleurs, la réalisation très sobres, les costumes, la musique de Joe Hisaishi dont c'est la dernière collaboration avec Kitano...) mais également d'une certaine façon par la noirceur de son sujet : trois histoires d'amour qui se croisent mais qui ne peuvent aboutir entièrement et trouvent toutes un dénouement dramatique. 

Je n'avais jamais douté que le cinéste nippon avait l'âme d'un poète mais jusqu'ici, les scènes contemplatives n'occupaient qu'une place mineure dans ses films (les peintures dans Hana-Bi, les séquences oniriques de L'Eté de Kikujiro...). Mais, pour la première fois, Kitano laisse de côté l'humour qui a fait sa renommée et ne retient que peu de violence pour un ensemble très maîtrisé (rappelons que le réalisateur signe également le scénario et le montage de ses films) qui garantit de captiver le spectateur durant 1h53 grâce à la beauté de ses scènes, et la justesse des personnages et des acteurs qui les interprètent.

Film pivot de la filmographie de Takeshi Kitano, qui se tournera ensuite vers des films beaucoup moins sombres jusqu'à 2010 et Outrages, Dolls est également sans conteste un de ses plus flagrantes réussites. Décidemment, bien malin sera celui qui pourra déceler le vrai visage de ce cinéaste caméléon... 

Dolls - 2002 / Japon

Réalisation : Takeshi Kitano

Distribution : Hidetoshi Nishijima, Miho Kanno, Tatsuya Mihashi...

 

27 janvier 2013

"L'Homme aux poings de fer" de RZA (2012)

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Après ses collaborations sur Ghost Dog de Jim Jarmusch et Kill Bill de Quentin Tarantino, le rappeur RZA, grand fan affiché de cinéma d'arts martiaux, a très certainement eu le déclic de livrer son propre film-hommage. Et nul d'outre que l'ombre de son "sensei" Tarantino a beaucoup pesé (il est d'ailleurs crédité dans le générique comme "Présentateur" du film). D'autant qu'entre le style général du film et la présence de Lucy Liu, on pourrait presque dire qu'il y a comme un air de déjà vu.

Comme son modèle, ce patchwork d'hommage au cinéma d'arts martiaux regarde à droite à gauche pour emprunter des références et tisser une intrigue dans laquelle le réalisateur aspirant s'offre une place de choix : le rôle principal. Et c'est probablement la plus grosse erreur de RZA, qui peut certes assumer les responsabilités de cinéste, mais beaucoup moins d'acteur, tant son manque de charisme et ses vaines tentatives pour "jouer" sont au mieux passables et, malheureusement, bien souvent risibles. D'autant qu'il s'est entouré de comédiens confirmés (Lucy Liu, Russell Crowe...) et de talents du cinéma d'action, ridiculisant ainsi ses maigres tentatives de paraître crédible lors des scènes de bastons. A noter également les caméos de Gordon Liu et Pam Grier (dans une scène se déroulant dans le cadre de l'esclavage des noirs aux Etats-Unis rappelant Django Unchained de ... Quentin Tarantino) !

Ajoutons à cela un scénario mi-figue mi-raisin, parfois longuet et avec cette énervante histoire d'amour qui pour le coup ne sert à rien, et peut-être également un manque flagrant de second degré, et nous pouvons clairement dire à ce stade que ce premier essai n'est pas un coup de maître. Heureusement, RZA se concentre alors sur les scènes de chorégraphies martiales (assez nombreuses d'ailleurs) et s'amuse avec un plaisir largement communicatif dans des affrontements où les trouvailles visuelles sont légions et l'ensemble filmé avec pas mal de savoir-faire. Grosso modo, on ne regrette pas de soupire quelques fois devant des scèns étirées car on sera à chaque fois récompensé par des combats bad-ass. Et soulignons également la qualité des seconds rôles, dont Russell Crowe hilarant dans ce rôle inattendu ou encore Dave Batista, ancien catcheur de la WWE qui ne brille pas tellement pour ses qualités d'acteur mais affiche une présence et un charisme qui ne passent pas inaperçus.

Sorti dans l'indifférence générale et plus ou moins vendu comme une sorte de Kill Bill, L'Homme aux poings de fer s'avère finalement assez plaisant à condition de savoir passer outre certains défauts et d'apprécier ce jouissif film-hommage au cinéma de castagnes made in HK.

L'Homme aux poings de fer (Man with Iron Fists) - 2012 / Etats-Unis

Réalisation : RZA

Distribution : RZA, Russell Crowe, Lucy Liu...

27 janvier 2013

"Il était une fois en Chine" de Tsui Hark (1991)

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Avec Tsui Hark, j'ai appris à me méfier. Considéré comme un réalisateur culte, j'ai beaucoup plus apprécié son travail de producteur (notamment ses collaborations avec John Woo) que les quelques films de son crû que j'avais vu jusqu'ici (Le Syndicat du crime 3 et The Blade, seul Time and tide trouvait grâce à mes yeux). Il était une fois en Chine est souvent considéré comme un de ses chefs d'oeuvre, et j'ai voulu en avoir le coeur net.

D'emblée, il faut reconnaître que nous nous situons très clairement dans du bon Tsui Hark. Même si je ne suis pas le plus grand fan de ce cinéaste un brin bordélique dans ses choix de mise en scène, il serait grossier de lui ôter tout talent. Ici, les chorégraphies (supervisée par Yuen Woo-ping) sont magnifiées par un sens de l'esthétique admirable, et l'ensemble du film est clairement bien pensé, la plupart des gags marchant pleinement et la direction des acteurs est très réussie. Malgré tout, bien que l'intrigue soit intéressante, la longueur du film (2h08) n'empêche pas certaines longueurs de ralentir le rythme du film et de retarder la mise en place des enjeux de l'intrigue : ou bien ça va trop vite, ou alors trop lentement, difficile de savoir sur quel pied danser. 

Alors certes, plusieurs passages ne m'ont guère intéressé et je n'ai pu retenir quelques baillements devant des scènes étirées jusqu'à n'en plus finir. Fort heureusement, le film repartait de plus belle, bien emmené il faut le dire par un Jet Li au sommet de sa forme, tant durant les combats que pour les performances comiques et dramatiques. Ajoutons à cela la présence de la magnifique Rosamund Kwan, et on peut dire qu'à ce stade je suis très satisfait du casting. Et, je l'ai déjà cité, le chorégraphe Yuen Woo-ping fait comme toujours un excellent boulot.

Alors, bien que je ne crie pas au chef d'oeuvre et affiche quelques réserves, je ne peux que reconnaître la qualité de ce film et m'interroger sur le talent de réalisateur de Tsui Hark, décidemment capable du bon comme du mauvais. Et si je voyais Detective Dee au fait ?

Il était une fois en Chine (Wong Fei Hung) - 1991 / Chine

Réalisation : Tsui Hark

Distribution : Jet Li, Rosamund Kwan...

19 janvier 2013

"La Porte de l'enfer" (1953)

 

Récompensé au festival de Cannes1954 par la Palme d'or, La Porte de l'enfer n'est certes pas le film japonais le plus connu qui soit, mais figure assurément dans la liste des films nippons à voir absolument au cours de sa vie. Réalisé au début des années 50, période au cours de laquelle Akira Kurosawa allait marquer à jamais de son empreinte l'Histoire du cinéma, ce film de Teinosuke Kinugasa suit les amours contrariés d'un soldat dévoué envers son seigneur, demandant la main d'une femme déjà mariée à un autre. Déterminé à parvenir à ses fins, il va alors tout faire pour se débarasser de son rival et gagner le coeur de sa bien-aimée.

La Porte de l'enfer est le premier film colorisé issu du Japon à avoir rencontré le succès en dehors des frontières du pays (Oscars du meilleur film étranger et des meilleurs costumes). C'est pourtant assez paradoxalement un film extrêmement sombre, parfois même très violent si on resitue le film dans l'époque de son tournage. Les comédiens, excellents, interprètent avec talent des personnages parfaitement identifiables, bien aidés il faut également le dire par un scénario de qualité. D'une durée d'1h26, le récit ne perd pas une minute dans des scènes déchets et va droit à l'essentiel en imaginant des situations très intimistes, sans se reposer sur les dialogues : la réalisation, très bien pensée, permet ainsi de se sentir impliqué dans les évènements et d'être plus d'une fois affecté par les bouleversement qui touchent les protagonistes.

C'est en évitant de juger Mito, le samouraï aveuglé par l'amour au point d'entrer dans une rage sanglante, parce qu'il n'agit au final que sous le coup des émotions, que l'on comprend qu'il n'est pas l'archétype du personnage "mauvais" : c'est par conviction qu'il se rallie à son seigneur, quitte à s'opposer à son frère, et c'est ensuite par amour, et peut-être même pour se venger d'une sorte d'humiliation insupportable (lorsqu'il demande la main de son aimée, il est accueilli par les rires), qu'il passe finalement à l'acte. Et d'ailleurs, l'intelligence du scénario lui offrira une chance de rédemption puisqu'il ne meurt pas, mais quitte le village en empruntant "la porte de l'enfer". Le poids de ses actions lui pèsera pour le reste de sa vie.

Si il est des chefs d'oeuvre qui ne font pas honneur à leur réputation, La Porte de l'enfer n'entre définitivement pas dans cette catégorie et devrait être vu au moins une fois par n'importe quel amoureux du cinéma.

 

La Porte de l'enfer (Jigokumon) - 1953 / Japon

RéalisateurTeinosuke Kinugasa

Distribution : Machiko Kyô (Kesa), Kazuo Hasegawa (Mito), Kotaro Bando (Roku)...

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29 décembre 2012

"Sasori, la femme scorpion" (2008)

Bien qu'il ne s'agisse pas d'un remake revendiqué à 100% du film culte de 1972, cette réinterprétation moderne du personnage culte de "La Femme scorpion" ne peut éviter la comparaison avec son illustre prédécesseur : et le constat est lourd, très lourd même puisque cette version n'arrive pas à la cheville de l'original et, pire encore, s'avère raté presque de bout en bout.

Le film datant de 2008 qui a inspiré Kill Bill (2003 et 2004), vous suivez?

 

Mensongèrement vendu par l'éditeur DVD comme "dans la lignée d'Azumi, le film qui a inspiré Tarantino pour Kill Bill" (traduction : vous aimez le film de QT, vous aimerez ce film... en principe), il n'y a rien à voir ici de plus qu'un clip grossièrement exécuté et parsemé de fondus au noir et transitions maladroits, d'enchainements scénaristiques improbables et d'une réalisation franchement navrante (le principal souci du réalisateur semblait  de trouver un nouvel emplacement original pour sa caméra dans chaque scène). Même les scènes de combat déçoivent, gâchées par des figures stylisées ratées et de mauvais goût, à la limite du fauché (ralentis bidons, sauts périlleux kitchs...).

Après avoir subi 100 minutes d'une intrigue aussi mince et pourtant incompréhensible, qui de toute façon vire très vite à un enchaînement de combats minables, on peut légitimement se demander ce qui démarque ce film, cinématographiquement parlant, d'un vulgaire film pornographique ?

Sasori la femme scorpion (Sasori) - 2008 / Japon - Hong Kong

Réalisateur : Joe Ma

Distribution : Miki Mizuna (Nami), Dylan Kua (Hei Tai), Siu-Lung Leun (Akagi) et Simon Yam (le professeur d'arts martiaux).

 

Bande annonce ici

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Sukiyaki Cinema
  • Amoureux du cinéma asiatique depuis des années, j'ai décidé de parler de ma passion par voie écrite à travers des critiques et analyses dédiés à des films et personnalités. Et peut-être aussi de mangas à l'occasion.
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